- Les différentes classes d’antidépresseurs et modes d’action
- Les antidépresseurs tricycliques (ATC) ou imipraminiques et les antidépresseurs tétracycliques
- Les IMAO (Inhibiteurs de monoamine oxydase) sélectifs ou non
- Les ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNa)
- Effets indésirables, contre-indications et précautions d’emploi
Un antidépresseur est un médicament prescrit par un médecin dans la prise en charge de la dépression. Il s’agit d’un psychotrope, car il a la capacité de modifier l’état psychique (psychoanaleptique) et de stimuler l’humeur (thymoanaleptique).
La prise d’un antidépresseur a pour objectif d’enrayer les symptômes de l’état dépressif comme la tristesse profonde, la souffrance et les sauts d’humeur. Elle atténue les répercussions physiques, mentales et relationnelles qui accompagnent la dépression, mais prévient aussi le risque de suicide souvent fréquent lors d’épisodes dépressifs.
Les médicaments antistress doivent être avant tout accompagnés d’une psychothérapie entreprise par un psychologue ou un psychothérapeute en cas de dépression grave.
Ils peuvent être également donnés pour soigner les troubles anxieux, pour calmer les douleurs chroniques et pour réduire les épisodes dépressifs lors de troubles bipolaires.
Ces molécules ne peuvent être délivrées que sur avis médical. Ils peuvent engendrer des effets indésirables souvent graves et doivent être utilisés avec précautions.
Les différentes classes d’antidépresseurs et modes d’action
Les antidépresseurs sont subdivisés en trois groupes : les antidépresseurs de première génération (tricycliques, inhibiteurs de la monoamine oxydase ou IMAO), les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) et de la noradrénaline (IRSNa) et les autres antidépresseurs.
Les antidépresseurs tricycliques (ATC) ou imipraminiques et les antidépresseurs tétracycliques
Lors d’épisodes dépressifs, on note des teneurs anormalement basses de sérotonine et de noradrénaline. La sérotonine communément appelée « hormone du bonheur » est un neurotransmetteur intervenant dans la gestion de l’humeur, de l’anxiété, des comportements et des émotions. Du côté de la noradrénaline, elle agit sur la vigilance, le sommeil, l’excitation et sur la régulation de l’humeur.
Les TAC sont des produits issus d’une molécule appelée imipramine et sont constitués de trois anneaux d’atomes. Ils ont pour fonction de bloquer la recapture synaptique de certains neurotransmetteurs sérotoninergiques, noradrénergiques et dopaminergiques favorisant de ce fait l’accumulation de sérotonine et de noradrénaline dans le corps. Ceci permettrait d’atténuer progressivement les symptômes de l’épisode dépressif, mais ces produits peuvent aussi être utilisés dans la prise en charge de l’énurésie, des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou encore pour traiter les douleurs rebelles.
Les antidépresseurs tricycliques sont considérés comme les antidépresseurs classiques, mais leur prescription est de moins en moins fréquente. L’amitriptyline (Elavil®), la clomipramine (Anafranil®), la désipramine (Norpramin®), l’imipramine (Tofranil®), la maprotiline (Ludiomil®) ou encore la nortriptyline (Aventyl®) en font partie.
Les antidépresseurs tétracycliques sont presque similaires aux antidépresseurs tricyliques, leur différence réside au niveau de leur structure chimique où les antidépresseurs tétracycliques sont composés de quatre cycles d’atomes. Ils ont la particularité d’avoir une action sédative plus marquée.
Ils peuvent être également employés pour corriger d’autres dysfonctionnements comme le manque d’appétit, l’insomnie, les nausées et les vomissements…
L’amoxapine (Asendin), la miansérine (Athymil, Bolvidon) ou encore la mirtazapine (Remeron, Avanza) appartiennent à cette classe d’antidépresseurs.
Les IMAO (Inhibiteurs de monoamine oxydase) sélectifs ou non
Ils ont pour rôle d’accroitre le taux de sérotonine par blocage des enzymes dénommés les monoamines oxydases (MAO) qui existent en deux types : la mono-amino-oxydase de type A (MAO A) et la mono-amino-oxydase de type B (MAO B) lesquels assurent la destruction des monoamines au niveau du cerveau y compris la sérotonine, la noradrénaline, la dopamine, ce qui explique la propriété antidépressive de ces molécules.
L’iproniazide (Marsilid®) et le moclobémide (Moclamide®) sont les deux produits de la famille des IMAO disponibles. On ne les emploie que très rarement et leur usage nécessite une surveillance rigoureuse de l’alimentation.
Les ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNa)
Les ISRS, découverts à la moitié des années 80, favoriseraient l’augmentation du taux de sérotonine 5-hydroxytryptamine (5-HT) au sein de la synapse en empêchant sa recapture dans la cellule nerveuse pré-synaptique. Ces molécules entraineraient l’activation de tous les récepteurs 5-HT, mais d’une manière non spécifique expliquant tout aussi bien leurs effets antidépresseurs et anxiolytiques (activation des récepteurs 5-HT1) que leurs éventuelles propriétés génératrices d’anxiété, d’insomnie et de troubles sexuels (activation des récepteurs 5-HT2). Cela pourrait causer une réaction paradoxale comme une agitation, une accentuation de l’état dépressif ou encore une conduite suicidaire au début du traitement.
Les ISRS regroupent de nombreuses substances, dont le citalopram, la fluoxétine, la fluvoxamine, la paroxétine, la sertraline, la vilazodone…
Les IRSNa stoppent à la fois le recaptage présynaptique de la sérotonine et de la noradrénaline, augmentant ainsi la disponibilité de ces deux neuromédiateurs. Ce sont les familles d’antidépresseurs les plus prescrits actuellement, elles peuvent être indiquées en cas de dépression avancée de l’adulte, en prévention de rechutes d’épisodes dépressifs, mais aussi pour soulager d’autres troubles comme la fibromyalgie, la neuropathie diabétique….
Parmi les IRSNa, on peut citer la venlafaxine (Effexor), le milnacipran (Ixel), la duloxétine (Cymbalta) ou encore la desvenlafaxine (PristiQ).
Certains antidépresseurs ne sont pas catégorisés du fait de leurs structures et de leurs modes d’action différents de ceux des antidépresseurs cités précédemment. Toutefois, il semble qu’ils interviendraient tous au niveau des synapses ou des cellules nerveuses afin d’accroitre la concentration de certains neuromédiateurs agissant dans les épisodes dépressifs.
On peut énumérer la tianeptine (Stablon), notamment prescrit chez les patients âgés, l’agomélatine ou encore la vortioxétine.
Effets indésirables, contre-indications et précautions d’emploi
Les antidépresseurs peuvent occasionner des effets indésirables parfois sévères sur la santé.
Les effets secondaires des antidépresseurs tricycliques ou imipraminiques peuvent être une bouche sèche, une perte de l’appétit, des nausées, une constipation, une rétention urinaire, des problèmes de concentration, des troubles du rythme cardiaque, des tremblements, des céphalées…. Ils peuvent également majorer le risque de suicide. De ce fait, Ils doivent être utilisés avec prudence en cas d’existence de maladies cardio-vasculaires ou d’une épilepsie. Ses principales contre-indications sont : glaucome à angle fermé, dysfonctionnements de la prostate, infarctus du myocarde.
Des troubles digestifs (nausées, vomissements, constipation…) peuvent apparaitre au début de la prise d’IRS lesquels régressent après quelques jours de traitement. Cependant, certains IRS comme la citalopram ou l’escitalopram peuvent engendrer des troubles du rythme cardiaque. D’autres peuvent entrainer des troubles sexuels, une hypertension artérielle, une sécheresse buccale, une rétention urinaire…
Des risques d’interactions médicamenteuses et alimentaires potentiellement sévères peuvent apparaitre avec l’usage des IMAO comme l’iproniazide.
Bien que la prise d’antidépresseurs ne crée pas de véritable état de dépendance, une diminution significative de la posologie, ainsi qu’une interruption brutale ou progressive d’un traitement antidépresseur engendrerait un ensemble de troubles dénommés « syndrome d’arrêt des antidépresseurs » ou « syndrome de discontinuation associé aux antidépresseurs ». Ils regroupent divers symptômes de sevrage : fatigue, transpiration, troubles visuels, vertiges, palpitations, acouphènes, spasmes musculaires, agitation, hallucinations, insomnie, confusion…
Il convient de bien respecter les doses prescrites. Une association à d’autres médicaments doit être soumise à des instructions précises. La consommation d’alcool est fortement déconseillée. L’absorption de certains aliments ou boissons doit être également évitée comme les fromages fermentés, le jus de pamplemousse… De ce fait, une surveillance alimentaire étroite s’impose.
Pour limiter les risques de surdosage, la rédaction de certaines prescriptions est réalisée sur une ordonnance sécurisée, dont la durée de prescription ne devrait pas excéder 28 jours.